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Beauregard 2013 : notre week-end chez John

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À l’occasion de cette édition 2013 du festival caennais Beauregard, nous avons passé trois jours sous les bons hospices du château de John. Très bien accueillis par une organisation parfaite et une météo caniculaire, on en a profité pour ramener dans notre besace plein de photos des quelques 32 concerts qui ont animé le parc durant ce week-end. Découvrez notre récit de ce festival atypique, entre ambiance folle, jolies rencontres et cadre magnifique.

Beauregard

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VENDREDI 5 JUILLET

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Bow Low

C’est sur les accords de Bow Low que l’on fait nos premiers pas dans le parc de Beauregard, sous un soleil de plomb. Après une entrée en matière peu folichonne par Goodbye Horses et Half Moon Run, le quintette caennais (qu’on avait déjà interviewé aux Papillons de Nuit) joue ses titres phares en mêlant habilement une électro planante à des sonorités rockabilly. Le mélange est détonant, et l’ambiance commence petit à petit à s’échauffer : pour un début de festival, la foule est même très compacte devant la scène B. Alors que « 1000 Horses » résonne, on décide de changer de scène pour voir un autre groupe un poil plus rock que Bow Low : The Vaccines.

The Vaccines

Le bon côté de Beauregard, c’est qu’aucun groupe ne joue en même temps. On a donc pu à peu près tout voir sur ces trois jours, et The Vaccines font partie de nos coups de cœur de ce vendredi. Grosses guitares grunge, look shoegaze et atmosphère électrique : tout y était pour rendre fou un public déjà conquis par l’allure négligée du quatuor anglais. De l’énergie à revendre donc, surtout grâce à ces mélodies bien huilées dont le groupe a le secret (« If You Wanna » en est sûrement le meilleur exemple). Pas le temps de souffler : les Local Natives montent sur scène à 20h10. Entre deux, on profite de quelques minutes de répit pour passer à la conférence de Half Moon Run à l’espace presse, avec les copains de Dancing Feet. Les canadiens nous parlent de leurs expériences en festival, de leurs influences et de leur amour pour le r’n'b sensuel, agrémentant chaque question qui leur plaît d’un « Fuck yeah » très nord-américain.

Half Moon Run

Local Natives

Un vin blanc gracieusement offert par John plus tard, nous voici devant la scène B pour le concert des californiens Local Natives donc. Lentement mais sûrement, le groupe (qu’on avait aussi interviewés au moment de la sortie de leur album Hummingbird) livre une pop délicate et inspirée. Riffs funky et synthés ensoleillés ponctuent une prestation intense, où l’on prend son pied des deux côtés de la scène. C’est mignon et parfait pour entamer une soirée qui s’annonce jouasse; et surtout annoncer la couleur en regroupant à peu près tous les styles qui vont défiler en un seul concert. En même temps, des californiens sous ce soleil ne pouvaient que briller, non ?

Local Natives

Avant le concert de New Order, on décide de faire une petite escale au coin VIP, là où se situe l’enclave éphémère du Père Tranquille, un restaurant de Bernières-sur-Mer qui s’est installé chez John pour ces trois jours. Les pieds dans le sable, on y déguste d’excellents sandwich et bagels concoctés avec amour. Le lieu nous a vraiment plu, tout comme le cadre du coin VIP où a carrément été recréée une plage (clin d’oeil aux Eurockéennes ?) de sable fin. Parfait pour y déguster des mojitos, bercé par les basses des deux scènes du festival.

New Order

Jusque là essentiellement composé de pré-adolescentes, le public du festival s’élargit un peu pour le concert de New Order. Un bataillon entier de quadras a en effet fait le déplacement, et chacun a ressorti du placard son vieux t-shirt rapiécé à l’effigie de Joy Division. Sur scène, la prestation est décevante : malgré les tubes qu’enchaîne le groupe (mention spéciale à « Ceremony », tout de même), le coeur n’y est pas et l’on s’ennuie vite devant ces papys du rock. Même les visuels kitsch au fond de la scène ne rattrapent pas l’ennui mortel qui nous accable. Dommage pour un nom si attendu…

Alt-J

Alt-J

Heureusement, le groupe qui suit a de l’énergie à revendre. On parle bien évidemment d’Alt-J : le quatuor anglais signe à Beauregard un magnifique concert au coucher du soleil. Un exercice de style particulièrement réussi devant un public presque pas acquis à sa cause. Après une entrée en matière hip-hop sur fond de « Rack City » (si si, le morceau de Tyga), le groupe joue quasiment l’intégralité de son album An Awesome Wave. La nuit commence à tomber, on s’allonge dans l’herbe battue par les pieds des festivaliers et on se laisse porter par les mélodies intransigeantes, presque mystiques de ces petits génies de la pop dernier cri. Après un « Matilda » et un « Ms » jouissifs, on rouvre les yeux devant le tube « Breezeblocks » : l’extase totale, le bonheur de voir autant de puissance avec autant de beauté. Un moment génial donc, et sûrement l’un des meilleurs concerts que le parc aura vu passer durant ces 5 années de Beauregard.

- M -

Aucune difficulté ne survient alors à - M - pour prendre le relais. Monsieur Chedid arrive vêtu comme un roi, dans une mise en scène complètement mégalo (ce clavier dans l’ombre qu’il balance, emmenant son décor avec lui…), et exalte les passions. Épaulé par ses excellents musiciens (la Basstar de son guitariste fait des merveilles), l’artiste enchaîne ses tubes, de « Baïa » à « Mojo » en passant par « Mama Sam », et transforme même la scène en club rock pour l’occasion. Le show est presque intimiste tant la proximité avec son public est travaillée – peut-être même un peu trop parfois, mais on ne lui en tiendra pas rigueur tant il nous a surpris ce soir là. C’est après cette belle soirée que l’on décide de s’éclipser, laissant le soin à Jon Spencer et Wax Tailor de finir en beauté (enfin presque, au vu des soucis techniques qu’a rencontré ce dernier) cette première journée du festival.

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SAMEDI 6 JUILLET

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Rover

Ce samedi, le festival prend carrément des airs de Coachella. La chaleur, étouffante, n’aura pourtant pas empêché Rover de jouer son concert sur son 31. Impeccable dans son costume, il donne à ce début de journée une allure lyrique. Entre rock pointu et pop aquatique, Rover signe un live touchant, mais un peu lourdingue quand ses vocalises (bien que belles) s’éternisent. Heureusement, Oxmo Puccino est là pour prendre le relais. Dans une ambiance très slam, le Black Jacques Brel joue les rappeurs à message devant un public mal réveillé. On préférera largement la deuxième partie de son concert, entamée par son désormais célèbre quart d’heure américain. Pour finir, Oxmo nous gratifie d’un excellent « sucre pimenté », le clou du spectacle d’un des meilleurs concerts du week-end. Une légende vivante, qui s’appuie ici sur des musiciens superbement doués.

Oxmo Puccino

Beauregard

Pas très fans des Maccabees, on passe un peu de notre temps dans les très confortables transats de l’espace presse, avant de ressortir nos appareils photos pour le concert de Jake Bugg.

Jake Bugg

Et malheureusement, ce fut une grande déception. Le jeune anglais de 19 ans (!) livre un concert soporifique, à l’image de son air absent, et ses musiciens ne sont pas là pour arranger les choses. Personne n’a l’air d’être là sur cette scène – on a vite l’impression d’avoir affaire à des automates. Dommage car ce que fait Bugg en studio nous plaît – sur scène, cela ressemble plus à de la country reprise par un diplômé de Harvard qu’à la folk enjouée que l’on connaît. C’est même dans des moments comme ça qu’on regrette qu’il y ait eu autant de travail sur sa voix en studio… Déception rattrapée cependant par la jolie prestation des Lumineers. Les américains, qu’on n’apprécie pas forcément, jouent une folk plutôt entraînante et surtout leur tube « Ho Hey ». Reprise par le festival entier, la chanson prend une toute autre dimension – et surtout quand, sur un autre titre, les musiciens se dispersent aux alentours de la scène (dont un sur la régie, carrément).

The Lumineers

Beauregard

Après une rencontre avec notre Nico Prat national à l’espace presse, on est conviés à se rendre aux crash barrières pour le tant attendu concert de Bloc Party. Et malgré l’ambiance un peu moisie qui règne au sein du groupe depuis déjà quelques temps, quel bonheur de les voir en live : le groupe enchaîne pendant une heure ses meilleurs titres, de « Banquet » à « Helicopter » en passant par « Octopus ». Kele Okereke met le feu, s’épanche sur l’avenir du groupe et fait de son concert un gros bordel ponctué de riffs secs qui agrémente une rythmique assez lo-fi. Tout comme le décor d’ailleurs, qu’on a trouvé particulièrement kitsch. Dans le bon sens du terme (bisou New Order).

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Bloc Party

La soirée se conclut pour nous sur les douces notes de Bat for Lashes. Dans une mise en scène très mystique, Natasha Khan s’évertue à gesticuler dans tous les sens (souvent inutilement, au passage) et rend son live carrément organique. Malheureusement, entre Bloc Party et les Smashing Pumpkins, la sauce ne prend pas. Pire, on se surprend même à somnoler quand la magnifique « Laura » résonne dans le parc. Ce ne sont d’ailleurs pas ces Smashing Pumpkins qui vont nous consoler de cette (petite) déception puisque leur rock aux sonorités néo-métal est bien trop terre-à-terre pour ce décor avant-gardiste qui, il faut l’avouer, reste assez joli. Au milieu du parc, le DJ caennais Baadman joue de la techno perché sur un camion Desperados, qui accueille tout le week-end différents DJ. On a un peu l’impression de passer du coq à l’âne en arrivant ici puisqu’on dirait plus une boîte à ciel ouvert qu’un « milieu de festival ». Plutôt cool.

Bat for Lashes

Baadman

Enfin, on enchaîne avec Miles Kane, qu’on avait déjà vu aux Papillons de Nuit. L’anglais nous sert toujours le même show – et bien qu’il soit excellent, on regrette qu’il soit aussi carré (aussi bien sur scène qu’en studio). Ça avait pourtant bien commencé, quand il s’était mis à malmener sa guitare comme un psychopathe. Les meilleurs titres de l’artiste comme « Rearrange » ou « Don’t Forget Who You Are » réussissent quand même à nous transcender l’espace de quelques minutes. Quant à la prestation de Vitalic, on a préféré rentrer chez nous plutôt que de laisser nos tympans s’y risquer.

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DIMANCHE 7 JUILLET

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Juveniles

Jour de la famille, le dimanche commence tranquillement avec Fakear et Juveniles. Les beats orientaux du premier nous laissent un peu de marbre mais il faut avouer que sa technique est vraiment intéressante. Plus tard, en conférence de presse, on découvrira son amour pour Miyazaki et autres artistes nippons. Ceci explique cela. Quant aux Juveniles, leur concert fut la bonne surprise de ce dimanche. Après un excellent premier album sorti le mois dernier, le groupe parvient à recréer toute son énergie sur scène grâce à deux musiciens supplémentaires, un bassiste sosie officiel de Lionel Richie et un claviériste particulièrement doué. Beaucoup de machines sur scène donc, pour un résultat très electro pop dont le groupe a le secret. Entre ballades sexy (« We Are Young ») ou des titres parfaits pour se déhancher comme « All I Ever Wanted Was Your Love », l’équilibre est bien trouvé. Et devinez quoi ? On les a interviewé le soir même…

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On passera sur l’indigeste performance d’Olivia Ruiz par la suite qui nous ressert à chaque concert sa pop bourguignonne (oui, c’est ce à quoi ça nous fait penser), pleine de sonorités qu’on aimerait ne plus jamais entendre et de sa voix mièvre incapable de rattraper le fiasco de son groupe. Pire, on dirait qu’elle l’enfonce encore plus. Et ce n’est pas Benjamin Biolay qui va rattraper tout cela : le digne descendant de Serge Gainsbourg se retrouve devant un public pataud qui ne connaît que très peu son oeuvre. Difficile de l’apprécier alors : avec son look de bad boy, il livre un concert entre mélancolie sublime et longueurs assourdissantes, où ses belles guitares et sa voix suave se noient dans un tonnerre de synthés qu’on devine importés de son dernier album Vengeance.

Benjamin Biolay

Benjamin Biolay

Du coup, l’atmosphère familiale et guimauve passée, on se retrouve maintenant avec une flopée de groupes de rock bien gras pour le restant du festival : The Hives, Skip the Use, ou encore Nick Cave and the Bad Seeds. Les deux premiers font leur boulot de showmen, les Hives s’autoproclamant même propriétaires du château de John et se disant prêts à signer pour toutes les éditions suivantes du festival. À vrai dire, nous, on s’en fiche un peu tant qu’ils sont là pour introduire un grand monsieur comme Nick Cave. En effet, les deux concerts le précédant sonnent au final comme deux premières parties tant son show est magistral. Pour tout vous dire, on ne connaissait pas grand chose de son oeuvre, et ce fut une véritable claque : un live noir comme la nuit qui tombe, comme des sorciers face à un public pétrifié. Avec ses guitares monstrueuses et son air de poupée de cire, Nick Cave fait peur aux enfants mais c’est pour le bien de nos oreilles. Dimanche, c’est aussi le jour du seigneur. Notre moment préféré : quand monsieur décide de jouer « Into My Arms » alors qu’on grille une cigarette dans un transat (oui, encore).

Nick Cave & the Bad Seeds

Nick Cave & the Bad Seeds

Le soleil se couche et l’on rentre chez nous des étoiles noires plein les yeux, alors que Dead Can Dance entame son incompréhensible set. Plus tard, C2C clôturera le festival; mais on préfère rester sur cette image d’un Nick Cave énervé pour repartir du parc de John. Au final, ces trois jours de Beauregard confirmèrent nos impressions : le festival a maintenant les deux pieds dans la cour des Grands, de par son esthétique implacable mais aussi de par sa belle programmation. Pas parfaite (pas mal de déceptions, il faut le dire) mais assez équilibrée pour qu’on ait le temps d’en profiter comme il se doit. Ajoutez à cela des découvertes, un public formidable et un excellent accueil : vous obtenez sans doute le meilleur festival bas-normand du moment. Cher John, à l’année prochaine.

texte et photos : Quentin Guéroult

crédit photo Rover : Emmanuel Gond

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